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lundi 16 août 2021
jacques halbronn Critique de l'idée de conjonction planétaire en Astrologie
Critique de l' idée de conjonction planétaire en Astrologie
par Jacques Halbronn
On sait que la conjonction de deux planétes a longtemps été à l'honneur -depuis environ mille ans, du temps d'Albumasar : il s'agissait alors des deux planétes connues les plus lentes, à savoir Jupiter et Saturne/ Cette « théorie » des « grandes conjonctions » s'articulait sur les triplicités ( Quatre Eléments) du fait que les dites conjonctions se succédaient, tous les vingt ans, à intervalles de 120° si bien qu'il fallait plusieurs siècles pour changer de triplicité, et cela permettait de conférer une certaine unité à des périodes relativement longues, le changement de triplicité étant, ipso facto, censé être de grande importance, portée et signification.
Mais déjà ce faisant, on aurait pu observer un certain dysfonctionnement au regard de la notion de cyclicité planétaire. En effet, on en arrivait à une polycyclité pour chaque planéte dès lors que l'on étendait le processus conjonctionnel à l'ensemble du systéme solaire dont on sait que les bornes seront bousculées à partir de la fin du XVIIIe siècle, du fait des progrès des techniques d'observation, et notamment avec la lunette et le télescope. En effet, chaque planéte se trouverait doté d'autant de cyclicités que de partenaires conjonctionnels. C'est ainsi que le cycle de Jupiter de 12 ans environ serait recouvert par l'intercyclicité avec une autre planéte tout comme le cycle de Saturne de 28 ans environ. Ces deux planétes se retrouveraient ainsi toutes deux dotées d'un cycle commun de 20 ans ! Pour prendre un exemple plus récent, le cycle Saturne-Neptune -mis en exergue par André Barbault- se verrait caibré à 36 ans, alors que Saturne a un cyle de 28 ans et Neptune de 165 ans ! Autrement dit, Saturne avec Jupiter aurait un cycle de 20 ans et avec Neptune de 36 ans et tout à l'avenant au gré des diverses combinatoires conjonctionnelles ! Ce qui allait constituer quelque part une hérésie astronomique, notamment au prisme de la 'loi » de Titius Bode (cf Jean Pierre Nicola, Nombres et formes du cosmos)
Il nous apparaît qu'il y a eu là un détournement de l'idée de conjonction en astrologie car selon nous les aspects n'étaient pas au départ censés concerner des rapports planéte/planéte mais des rapports planète/étoile ou encore planéte/axe équinoxial ou solsticial, en lien avec le cycle terrestre des saisons. Rappelons que les constellations sont des ensembles d'étoiles, comme leur nom l'indique, et qu'il était coutumier de situer les planétes dans l'espace par rapport à des étoiles. Même l'idée de révolution planétaire sidérale n'était elle pas détermniée par une conjonction planéte/étoile, ce qui fixait ainsi à 12 ans le cycle unique de Jupiter et idem pour les autres planétes.. Avec les conjonctions planétaires, on introduisait une relativité cyclique fâcheuse. Et les choses deviendraient encore plus «flottantes » du fait de l'accroissement du nombre de planétes répérées dans le systéme solaire et des interactions qui en découleraient.
Très vite, nous avions pris conscience du caractère problématique des conjonctions entre planétes. Dès 1976, nous avions exclu dans nos tableaux cycliques toute combinatoire de planétes entre elles. (Clefs pour l'astrologie, Paris, Seghers, Claves de la astrologia 1978) face à un André Barbault qui ne jurait que par une telle formule. Le fait que notre projet ait été préféré en 1973 par l'éditeur face à celui de Barbault était symbolique d'un passage de relais. Mais force est de constater que cela n'eut guère d'impact sur les pratiques du milieu astrologique francophone malgré la parution, trente ans plus tard, de notre Astrologie selon Saturne (Ed de la Grande Conjonction , 1994-1995) ainsi que de la réédition de Clefs pour l'astrologie (Seghers 1993, notamment les pp/ 136 et seq) Nous faisions d'ailleurs, dans les années 70 , une exception pour les conjonctions des planétes avec le Soleil.(cf Astrologie Sensorielle, Cosmpolitan, numéro de janvier 1977)
Il est vrai que le débat se situait, pour Barbault, au niveau d'une validation par la pratique prévisionnelle. Nous avons montré que les prétendues confirmations du cycle Saturne Neptune avaient été dues à une coincidence entre les dates de passages de Saturne sur les axes saisonniers (5x7 : 35 ans) et celles du dit cycle Saturne Neptune de 36 ans. C'est ainsi qu'en 1989, il y a eu d'un côté la conjonction Saturne-Neptune et de l'autre le passage de Saturne sur l'axe solsticial (cance-capricorne) Or, il est conseillé d'opter , selon le principe d'Occam, pour la grille la plus simple. D'un côté le cycle « naturel » de 7 ans, (28/4) nullement perturbé par un lien avec un autre cycle et de l'autre un cycle « artificiel » et fictif de 36 ans. Les rendez vous conjonctionnels à la Barbault ne fonctionnaient que tous les 36 alors que les notres étaient marquants de 7 ans en 7 ans, avec une dialectique équinoxe-solstice permettant un flux et un reflux.
Dans 1964. La crise mondiale de 1965, (Albin Michel, pp. 24 et seq) Barbault exposait déjà son systéme conjonctionnel englobant les planétes de Jupiter à Pluton avec ce slogan : « la conjonction des planètes lentes est la configuration-clef de notre devenir terrestre » Etrangement, Barbault dans sa démonstration annonçait une « crise mondiale » à venir prochainement alors que l'on venait d'en traverser une de toute première magnitude avec les crises de Berlin et de Cuba.(1961-62) comme si de rien n'était !
Il est vrai que ces derniers événements ne collaient pas vraiment avec la théorie en question de la concentraion de conjonctions planétaires.(indice cyclique) Le grand inconvénient de ce cycle des conjonctions planétaires tenait paradoxalement à son absence de cyclicité. Car si un cycle monoplanétaire offre la même régularité que notre cycle saisonnier, avec une alternance de phases toutes de même durée, il n'en est pas de même du graphique en dents de scie tel que présenté par Barbault sur la couverture des astres et l'Histoire, Paris, Pauvert, 1967)
Le thème natal, lui-même, apparaît comme marqué par la théorie des aspects, chère à Kepler pour qui – au début du XVIIe siècle-
le salut de l'astrologie (cf Gérard Simon, Kepler astrologue-astronome, Paris, Gallimard, 1977) devait impérativement passer par une focalisation sur les aspects entre planétes.
En 1976, nous condamnions le thème astral aux poubelles de l'Histoire et nous proposions- à l'encontre d'une astrologie « hors sol » d'appréhender la personne au moyen de tests et non sur la base des « astralités » de naissance propre à la généthlialogie, amorçant ainsi une anthropocosmologie, déjà engagée par un Jean Bodin, à la fin du XVIe siècle.(République, Livre IV, ch. II et Lettre, Troyes, 1590) à partir d'observations numériques sur le cycle des républiques.. En effet, la connexion planéte/axes équinoxe solstice s'articulait sur une binarité Ciel-Terre, déjà exposé au premier verset du Livre de la Genése.
Plutôt que d'opter pour un cycle monoplanétaire, Barbault avait pris le parti de constituer un graphique de synthèse sur la base des cycles de 5 planétes, ce qui lui évitait de devoir opter, de trancher,pour tel cycle en particulier, persuadé qu'il était que l'astrologie devait absolument prendre en compte l'intégralité du systéme solaire à pervevoir comme un tout d'un seul tenant. Pour nous, en revanche, il convenait, notamment dans notre Astrologie selon Saturne, de partir de certaines récurrences socio-politiques
et d'observer si des corrélations étaient envisageables et ce sans idée préconçue. C'est ainsi qu'en 1993, nous localisions une certaine partie de l'écliptique régulièrement impactée de 7 ans en 7 ans, à la charnière du signe des poissons et de celui du bélier (point vernal). Ce cycle de 7 ans, nous le relierions le connecterions avec le cycle de Saturne, ce qui recoupait peu ou prou la méthode de Bodin (lui même ayant influencé Kepler (cf notre étude « The revealing process of translation and criticism in the History of Astrology. » In collectif dir.P. Curry, Astrology, Science and Society, Boydell Press, 1987) Nul n'était besoin de faire appel à des planétes au delà de Saturne comme le présentait Barbault.Mais ce qui est peut être le plus génant dans certaines propositions tient à leur déconnexion par rapport à l’organisation et à la gestion de la Cité. Il nous semble évident que les « citoyens » doivent avoir une certaine perception collective des configurations célestes pertinentes en astrologie, ce qui exclue les planétes invisibles à l’œil nu ainsi que tout savant calcul comme celui inventé par Barbault. On notera que le raisonnement de Barbault sur la répartition irrégulière des conjonctions semble calqué sur celui de Léon Lasson (cf son Astrologie Mondiale, 1937) à partir de la fréquence des éclipses, ce qui l’avait conduit à annoncer « 15 ans de paix pour l’Europe » à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Ajoutons que la recherche astrologique exige une connaissance fine de l’enchainement des événements au bout de quelques décennies passées et l’on sait que seuls les spécialistes en sont capables sauf à se satisfaire de grossières simplifications comme la question des deux guerres mondiales.
JHB
16 08 21
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